INTERET DE L’ACTIVITE PHYSIQUE INTENSIVE
APA comme Activités Physiques Adaptées
Je vous invite à lire cet article et à essayer de suivre les recommandations qui y figurent afin de ralentir l’évolution de la maladie : si vous n’aimez pas ou appréhendez l’effort physique ou si vous n’avez jamais eu ou pris le temps de pratiquer une ou des activités physiques, c’est sûrement le moment de vous lancer !
J’ai retrouvé la remarque suivante d’un professeur d’éducation physique sur un bulletin scolaire : « N’aime pas l’effort physique » !!!
Depuis le diagnostic en 2000 de ma maladie de Parkinson, je « m’y suis mise » progressivement puis, compte-tenu du bienfait obtenu tant au niveau physique que psychologique, j’ai pris plaisir à cet effort physique que je redoutais…et fini à ne plus pouvoir m’en passer !
La difficulté consiste à trouver la motivation car nous en manquons souvent : pratiquer une activité physique bien sûr adaptée est plus facilement réalisable en groupe. Je recommande des activités proposées par des associations concernant la maladie de Parkinson. L’Association France Parkinson en fait partie et sélectionne des activités adaptées qui permettent de prendre ou retrouver goût à l’effort sans se retrouver en difficulté physique et frustration de ne pas suivre les autres (ce qui est fréquemment le cas dans les cours classiques de sport collectifs) et de faire des rencontres et lier des amitiés. Chaque rendez-vous représente une chance de mettre son corps et son esprit en mouvement et de rompre son isolement en retrouvant le groupe de participants. Il représente aussi une victoire sur soi, en contre-partie d’autres défaites ou renoncements…
Corinne
https://parkinsonailleurs.wordpress.com/2016/04/08/bienfaits-de-lactivite-physique-intensive/
Bienfaits de l’activité physique intensive
L’activité motrice difficile et répétée, outil de «déparkinsonisation »
Le Pr Jean-Michel Gracies présente l’intérêt que revêtent les techniques de traitement physique rééducatif. Bien loin de simples compléments à la prise en charge médicamenteuse, elles pourraient devenir un des piliers de la thérapie dans la maladie de Parkinson.
Extrait de l’Echo 120 (septembre 2014)
Pour réaliser la place que les traitements physiques rééducatifs des syndromes parkinsoniens sont appelés à occuper dans les années à venir, il faut les replacer dans le contexte de l’évolution récente de nos progrès — et difficultés — thérapeutiques pour cette affection.1-4
Après la description du syndrome par James Parkinson en 1817, il a fallu cent cinquante ans pour voir se réaliser, à partir des années 1960, les grandes révolutions thérapeutiques : médicamenteuse avec la lévodopa puis chirurgicale avec la stimulation cérébrale profonde, dont nos patients bénéficient aujourd’hui.1,5
Cependant, au bout de quelques années, il faut bien constater le double fardeau que subit le malade de Parkinson. À l’aggravation des troubles cognitifs et même moteurs, certes plus lente qu’avant la dopathérapie mais qui reste inéluctable, se superpose une deuxième affection : la dépendance aux traitements dopaminergiques, notamment psychologique. Une dépendance délétère en elle-même car elle augmente l’exposition aux effets secondaires de l’apport dopaminergique (allongement des temps de réaction en général et altération des réactions d’équilibre en particulier).1,5,6-19
Une troisième révolution ?
Un élément important pourrait venir améliorer cette situation. Aujourd’hui, les données sont suffisantes pour penser qu’une troisième révolution se prépare, grâce aux techniques de travail physique, dont la première et inestimable valeur est l’innocuité quasi parfaite.2-4
Pendant longtemps, les premiers effets cliniques dûs à l’introduction des thérapies médicamenteuses puis chirurgicales ont été tellement spectaculaires qu’ils ont en quelque sorte « sidéré » à la fois le recours au traitement physique rééducatif et la recherche pour perfectionner ces techniques d’entraînement, longtemps restés modestes.4,20
Malheureusement pour les personnes affectées, l’exercice physique et la kinésithérapie restent d’ailleurs aujourd’hui largement sous-exploités au regard des autres traitements ; bien que des études ont maintenant établi l’efficacité remarquable de nombreuses techniques d’entraînement dans la maladie de Parkinson.4,20 En parallèle, on constate que les personnes affectées adoptent spontanément — c’est-à-dire sans aide extérieure, notamment professionnelle au début — un mode de vie physiquement moins actif (30 % moins actif en moyenne que des sujets sains dans certaines séries). Cela provoque souvent une restriction sensorimotrice en plus d’un « déconditionnement » (perte de capacité d’effort cardiovasculaire) par inactivité, restriction et déconditionnement qui s’aggravent au fur et à mesure de l’avancement de la maladie.21-23Ce comportement inconscient mais auto-imposé de restriction sensorimotrice par diminution de l’activité physique pourrait être doublement nuisible, en accélérant aussi la progression de la maladie, c’est-à-dire la perte cérébrale de neurones dopaminergiques et corticaux.24-33
Un intérêt grandissant
Il a fallu attendre les premières réalisations des limites de la lévodopa, et le développement de modèles animaux de la maladie à partir des années 1980 allié à une meilleure compréhension de la physiopathologie du mouvement parkinsonien pour que la recherche commence à accorder aux techniques neurorééducatives un intérêt grandissant et débute leur validation.34-40
De traitement d’appoint, optionnel, voire n’ayant que des effets « placebo »,41 il est probable que des techniques standardisées de traitement physique rééducatif deviennent bientôt un pilier de la thérapeutique des syndromes parkinsoniens, quelle que soit leur cause (idiopathiques ou atypiques), voire se révèlent un jour le premier traitement neuroprotectif pour ces affections.
La conception des techniques neurorééducatives actuelles a donc été récemment inspirée par deux avancées essentielles : d’une part la meilleure compréhension de la diminution de l’amplitude du mouvement (hypométrie parkinsonienne)34-40, avec notamment un déficit d’excitabilité des cortex moteurs, d’autre part les impressionnantes avancées des quinze dernières années concernant l’entraînement aérobie* dans les modèles animaux de la maladie de Parkinson.42-57 En pratique, l’approche rééducative peut être guidée par le stade d’évolution de la maladie. Chez les personnes dont l’affection est à un stade débutant ou modéré, qui ont gardé une capacité de déambulation indépendante, souvent reliée à un certain niveau d’indépendance cognitive,58 la rééducation peut se concentrer sur des exercices aujourd’hui établis comme efficaces pour améliorer les capacités motrices.2-4 Aux stades plus avancés, c’est-à-dire pour des personnes n’ayant plus la capacité de se lever d’une chaise ou de marcher de manière autonome, devenus dépendantes et souvent à ce stade significativement affectées sur le plan exécutif,58 l’approche utile peut être celle de l’enseignement —au patient et surtout à son aidant —de stratégies de compensation pour minimiser les effets des limitations motrices et augmenter la sécurité au domicile.4
Aux stades modérés, les deux techniques aujourd’hui les plus solidement validées pour augmenter l’excitabilité — ou mieux cibler l’excitation — des cortex moteur et prémoteur sont :
– le renforcement moteur, notamment aux membres inférieurs,59-66 bien connu pour diminuer les risques de chute chez la personne âgée en général mais aussi chez le malade de Parkinson.59,61-66 Il s’agit notamment du travail soutenu à haute intensité sur les muscles des cuisses (quadriceps, ischio-jambiers) et des mollets qui améliore l’équilibre et la marche, diminue la lenteur au mouvement et la rigidité musculaire, et améliore aussi les scores cliniques et échelles de qualité de vie.59-66
– le travail en aérobie à haute intensité (vélo, marche, course) présente des effets symptomatiques impressionnants dans des modèles animaux de la maladie de Parkinson ; ces derniers ont également permis de démontrer que le travail aérobie, lorsqu’il est suffisamment intense à chaque séance et prolongé sur des périodes suffisamment longues, peut diminuer la perte neuronale (hypothèse d’un effet neuroprotecteur de l’effort aérobie intense et prolongé, qui reste à confirmer chez l’homme).42-57
Chez des personnes de tous âges, mais particulièrement chez les sujets âgés, l’activité aérobie quotidienne améliore l’excitabilité corticale, ainsi que les performances cognitives.67,68L’exercice soutenu (par exemple une demi-heure de vélo à haute intensité) a des effets métaboliques importants69-72 : une heure de travail intense sur bicyclette ou tapis roulant améliore l’absorption et l’utilisation de la lévodopa prise par médicaments.69En outre, un tel exercice stimule temporairement la fabrication naturelle intracérébrale de dopamine chez des sujets parkinsoniens et, en quelques semaines d’exercice à un stade précoce de la maladie, une augmentation de la densité des récepteurs dopaminergiques D2 striataux.69-72 Cet effet pourrait expliquer l’observation fréquente de personnes chez qui le besoin de la première prise de la journée est retardé lorsqu’ils effectuent une séance d’exercices intenses le matin et les observations de bénéfices cliniques spectaculaires immédiatement après une séance en aérobie.73,74
Une séance sur tapis roulant à haute intensité améliore vitesse de marche, longueur du pas et lever d’une chaise par rapport à une séance à basse intensité ; quelques semaines d’exercices en aérobie à haute intensité améliorent marche, équilibre, gestes manuels, capacité à l’effort, certaines fonctions mnésiques et intellectuelles et même des scores de douleur et de qualité de vie, notamment lorsqu’on les compare à des programmes d’assouplissement et de relaxation.75-81
Des effets neuroprotecteurs?
Depuis une trentaine d’années, des stratégies sont testées chez l’animal et chez l’homme pour leur capacité à réaugmenter le nombre et l’activité des neurones nigrostriataux : facteurs de croissance pour limiter la dégénérescence de neurones dopaminergiques, greffes surrénales, mésencéphaliques, thérapies géniques, cellules souches, avec pour l’instant aucun résultat probant, et plutôt des doutes lorsque l’on cherche à transformer l’essai en études contrôlées chez le patient parkinsonien.82-91
Au cours de la même époque, les études animales montrent de façon impressionnante le potentiel de l’exercice en aérobie répété à restaurer le fonctionnement nigrostriatal tant sur le plan biochimique qu’histologique*.24-33 Ces résultats attendent confirmation en imagerie chez l’homme mais il est déjà prouvé en protocoles contrôlés que l’exercice aérobie répété augmente les taux sériques de BDNF92** et que la progression clinique sur deux ans de patients parkinsoniens à un stade précoce bénéficiant d’un entraînement aérobie intense deux mois par an est plus lente et moins consommatrice de lévodopa que chez des patients ne bénéficiant pas de cet entraînement intense.93,94
Les deux premières techniques ayant prouvé en protocoles contrôlés leur intérêt thérapeutique sont le renforcement moteur et l’exercice aérobie à haute intensité (vélo, marche en extérieur, marche sur tapis roulant, marche nordique, travail sur elliptique).
D’autres techniques, tai-chi, danse sont également intéressantes.
Le défi d’aujourd’hui est la recherche de l’effet neuroprotecteur de la pratique physique prolongée à moyenne ou haute intensité. En pratique, une demi-heure ou une heure quotidienne d’exercice physique avec un travail intense sur les jambes et le tronc est sans doute une bonne façon de débuter son traitement (voir les exemples de fiches de travail données aux patients).
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